mercredi 31 décembre 2008

Indécence

Irlande 2006

Au croisement de deux boulevards..4 enfants très jeunes ( 5-6 ans) qui poussaient une voiturette d'enfant. L'un d'entre eux tenait un chat emmitouflé dans une couverte.
Le petit avec une casquette qui ne le protégeait pas du froid, se tenait les oreilles.
J'attendais de voir un parent caché du vent...rien.
C'est ce rien qui m'a choqué...des enfants seul pour traverser ce boulevard...pas habillés.
Je me suis demandé si je devais arrêter...ils attendaient aux quatre vents de passer cette lumière.
Pas assez habillés ( -15) pour la température qu'il faisait.
J'étais choqué parce qu'il faisait froid et parce que c'était tellement dangereux. Les parents???
Je me suis interrogé sur mes réactions...catho-bourgeoise ( comme disent les Français) ?

Questionnement alors sur la pauvreté et la négligence..j'aurais vu la même scène un peu plus haut dans la ville..aurais-je été aussi choquée?
Dois- je relié pauvreté à négligence? Que de préjugés dans mes premières réactions.
Alors mon regard s'est affûté...je me suis mise à regarder à gauche et à droite...
Des ados aux regards durs, des femmes trop teintes , des personnes âgées mal habillées.
Les devants de maisons qui sont abîmés, trop de commerces à quatre sous.

Je me suis senti comme dans un zoo..à regarder une culture de pauvreté qui n'est pas la mienne.
Me suis senti dans un autre monde... me permettais de le juger..moi qui ne vit pas dedans.
A-t-on le droit de juger si ce n'est pas notre quotidien? Je ne le sais pas.
Si facile de dire quand on ne regarde pas.
Indécence du riche qui déambule dans la misère d'autrui.

lundi 29 décembre 2008

Un drapeau blanc

Photo prise à Boston 2008




Ces personnes blessées par eux même.
Que rien ne peux trouver grâce à leur âme.
Pas assez d'une vie pour tout réhabiliter.
Ces pas qui vont dans tous les sens , sauf vers eux-mêmes.
Souvent absents , ils labourent leur blessure.

La rive vers soi est lointaine.
Les autres pour y parvenir.

Dans cette guerre contre soi-même,
que le mépris, le dégoût pour se dire.
On abandonne un blessé sans se retourner.

Leur marteler dans le vif de leur renoncement...
que eux aussi ont le droit de vivre.

Quelques fois ils se relèvent pour dire....
"tu trouves que c'est exact? que j'ai eu raison?"

Leur tracer un chemin dans cette haine.
Regarder souvent en arrière, ne pas les perdre d'amour.
Que leur courage est grand de vivre sans s'aimer.

mercredi 24 décembre 2008

Un beluga dans la ville

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/1c/Inuit_doll.JPG





Croqué

Une femme inuit dans la ville de Montréal.
Ivre elle tanguait.
À ses côtés un homme titubait de tendresse.
Tentait d'amadouer son désespoir.
Elle le repoussait comme une idée obsédante.
Tout entremêlé dans leurs gestes ,
il la retenait en la maintenant debout.
Image très forte d'une inuit échouée sur l'asphalte.

Au premier regard, il l'a force, au deuxième il la soutient.
Je voyais des pas de danse moderne, des chocs brutaux entre deux corps qui se repoussent.
Toujours à un pas de s'écraser, désordonnés.

Une inuit tanguait sur l'asphalte.
Lâchement baissé les yeux.
Une inuit s'est perdue.

mardi 23 décembre 2008

Cette petite prison

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Je connais une femme que je fréquente .

Nos personnalités sont dissonantes, mais les années passent et je la fréquente toujours.

Je ne l'aime pas , ne ressens rien pour elle .

Tout est faux entre nous et devient insignifiance .

C'est comme marcher sur du bitume, regarder des autos passés.

On s'ennuie.

Mais je dois sourire.



Elle tisse ses relations avec hystérie, en enlevant à l'un pour donner soudainement , plus à l'autre.

Il y alors un déficit dans la relation.

Elle a le regard d'une blessée de la folie. Mais je ne soigne plus.

L'habitude a donc largué les amarres .


Plusieurs poids morts, qui ne sont pas douloureux, mais qui en s'accumulant deviennent une entrave. On avance et on sent quelque chose sur cette amitié qui ne sourit plus.

J'ai quelques relations qui sont de petites prisons .



Un sursaut de civilité me retiens,mais pourquoi?

Ce que je donnerais pour être toujours vraie.

Pouvoir se lever , sourire sans animosité et partir..c'est simple...mais on est empêtré

dans nos états d'âmes.

On n'est en fait , notre propre prison.









jeudi 18 décembre 2008

la couleur de moi

Musée de la guerre Nice 2006



Les mots sur soi comme des couleurs pour parler de moi.
Avoir été deux avant même le premier souffle.
Bouleversement d'être un depuis.
Vie d'enfance entre des tremblements.
Une femme transit du moi.
Toujours à la recherche de l'empreinte avant le poids des mots.
Avoir cru savoir avant que les êtres soient.
La sensibilité , veine centrale du dit.
Perdre des éclats de rêve sans s'oublier.
Perclus de trahisons, la boussole s'est cassée.
Une lilliputienne retourne chez elle.

La dentellière

http://www.exporevue.com/images/magazine/960moreu_dentelle.jpgRené Moreau





Une joie d'enfant m'est arrivée.
Cette femme qui passe comme une louve blessée à mes côtés , s'est arrêtée.
Elle m'a dit un mot d'une grande pureté.
Un instant pour tout prendre .

J'aime cette femme d'une grande amitié .
Je la regarde du bout du cœur , traînant une peine d'années .
Je baisse souvent mes yeux pour taire ce qu'elle ne dit pas.
Je comprend.
Délicate jusqu'à la pureté , elle va sur le bout des mots dans sa vie.
Femme qui traîne plus lourd que sa peine , elle regarde souvent derrière.
Le sourire est pâle et cassé.
J'aimerais être une douceur pour abriter tout ce qui est brisé.
Ses yeux qui fuient la dureté qui s'accumule , se penche sur nous avec calme.
Plus grande que nature elle me donne l'amitié.
Au détour d'un geste , l'enfance est réapparue plus pure.
Je t'aime aussi .

mercredi 17 décembre 2008

Le froid de la pensée

photo du Mt-Washington ( usa)




En me promenant chez les voisins, j'ai découvert un blog qui vient jouer dans mes intérêts: la philo (pour ne pas le nommer Varna). Une étagère bien garnit qui regorge de réflexions.
Un commentaire d'un bloggeur a attiré mon attention sur la logique.
Il faisait l'apologie de cette froideur mental.
Dans mon cas ,j'abhorre ce miroir qui se regarde. La dissection chirurgicale du souffle de la pensée.
Les gens qui ont peur de leur émotion , s'y vautre en regardant d'un œil malade, la vie qui bat autrement à côté d'eux.
Cette façon de lorgner avec mépris les personnes plus instinctives. Un genre de xénophobie de l'instinct.
J'en ai contre cet empêcheur de tourner en rond. Que répondre à la logique ?

Je ne vous crois pas.

mardi 16 décembre 2008

Frippé de l'intérieur

New River Gorge 2008


Quelque chose est en train de disparaître..tout doucement comme la pluie qui se termine.
Je ne suis plus là..quelque chose de l'intérieur se rapetisse . Et plus rien pour la remplacer.
Des échos se meurent, rien de plus triste qu'un pan de rire et de joies qui s'écroule.
Faire face et réagir ...beaucoup de puissance pour un si petit geste.
Se lever sourire et partir.
Comment fait-on pour vivre ailleurs dans sa vie?

Je vois qu'on peut un jour se retourner.
J'ai tenté une intrusion dans ce labyrinthe, m'y suis perdu et ai trouvé un autre chemin.
Mais j'y ai laissé de la fraîcheur , de l'innocence , des sourires d'adultes..les plus beaux.
Quant l'innocence s'éteint , ne reste plus grand chose pour soutenir les regards qui se détournent.

Le début est amorcé : les linges blancs sont étendus sur les souvenirs, les bagages sont fait et la porte se refermera dans un instant. Le départ est sur le bord de la porte.

lundi 15 décembre 2008

Les petits cailloux

Italie 2008
Être parent c'est laisser à nos enfants de petits cailloux un peu partout à travers leur vie : les valeurs du cœur, du corps et de l'âme.
Ces valeurs que ns tentons de leur transmettre , feront en sorte que dans leur vie, il y aura un peu de nous , qui fera une filiation de sang et de cœur.
C'est le chemin du combattant , en plus ardu.
Est-ce que ns serons capable de faire les ponts entre ce que ns sommes et ce que l'on voudrait qu'ils soient? Parlerons nous le même langage....
J'aurais aimé laisser des empreintes et qu'elles deviennent permanentes.

Nos valeurs sont-elles les bonnes?
Sont-elles adaptables à leur époque ?


Être parent c'est une charge de transmission.
Ns faisons partis de l'intégration sociale: faire de nos enfants des "esclaves économiques ",
c'est-à-dire intégrables , aliénables, malléables.
Faire d' eux des individus qui pensent, c'est se battre d'abord contre
l' inertie: mentale et sociale.
Le rôle du parent est peut-être de déprogrammer tout en les rendant socialement viables.
Laisser des cailloux, mais peut-être aussi des pavés.

lundi 8 décembre 2008

La pudeur



Ce mot m'attire, il est remplis de mystère, intrigue.
Il y a la pudeur du corps, celle du cœur. C'est un état d'être ou de pas être ?
Elle enferme plus qu'elle ne permet. Un espèce de carcan du moi. Ce n'est pas une porte d'entrée.
On se retient d'aller vers eux, la première impression : ils sont froids...l'émotion ne passe pas la rampe de l'intimité. La relation devient feutrée. Par la suite on semble vivre dans un église , tous les gestes deviennent sacrés.

Ils semblent empêtrés dans leur émotion,,comme si tout ce qui avait de l'intensité dérangeait.
La pudeur les habillent jusqu'au coeur, ils sont maladroit comme ces albatros qui mettent pieds au sol.
Ils rougissent pour un mot trop fort, trop précis, trop dur, trop doux. La pudeur protège le coeur des trop.
Ils en sont un peu prisonniers..elle empêche d'aller vers les autres, leur dire la première émotion..Elle retient l'élan, le geste, le regard.
Quelques fois, une phrase lancée, les blessent, les font rougir, ils baissent les yeux surpris . C'est une décharge d'émotion qui les ramènent vers l'intimité. Déstabilisé par cette intrusion .
On aime les titiller du bout d'un mot, les faire rougir....car on sent un début de contact, comme deux mains qui se rencontrent enfin.
Une douce blancheur les habitent , qui nous demande de passer notre chemin.
J'ai retenu mon pas pressé et tous les jours me félicite d'avoir soutenu son regard qui a rougi.

jeudi 4 décembre 2008

Les mains



Je lis chez les voisins que le bonheur est tendre, chaud, qu'il arrive à noël et que les enfants (ces jolis poupons) sont le sel de notre vie.


Petite réflexion sur cette capacité à saisir le bonheur.

C'est avant tout une aptitude à bien cadrer la perspective. Être heureux en fait, serait un choix d'angle de vie. Un regard.

J'ai une sœur qui a les mains bénis .
Dans tout ce qui habite sa vie, elle trouve cette respiration étonnante du bonheur.
Elle a cette aptitude que je lui ai longtemps enviée...sourire devant ce qui se rétracte et se redéfini autrement.

Tous les changements dans sa vie , ont été ardus..mais elle croyait que le bonheur était de l'autre côté..alors elle le suivait. C'est tout..regarder des deux côtés avant de traverser.

La vie s'acharne mais elle demeure souriante et heureuse.
Tout la fascine , curieuse de tous les détails qui nourrient l'intelligence , elle tri le bonheur en connaisseuse. Tout semble appétissant. Elle me regarde souvent en souriant, semblant me dire
"Pas comme ça..regarde" et je ne vois pas.
Un jour je lui dirai : "ce que j'aime en toi, ce sont tes yeux ridés de rires".

mercredi 3 décembre 2008

Dispersé




Les liens, ce qui fait que des regards peuvent tenir, devraient toujours être créés dans l'espace vrai.
Ce qui n'est pas.
La trahison se distingue du mensonge. Le mensonge est plus clément, il tente l'hypocrisie, de cacher. Par nature il défigure, mais est moins douloureux.
La trahison est plus cruelle..on a tout donné avec la certitude que tout était vrai.
Le plus difficile....se pardonner d'y avoir cru.



Les liens ont cela d'étrange que pour y vivre, il faut à la fois Être croyant et athée. Être la matrice et la pensée. Écrire sa foi en étant prostré. C'est l'antithèse de la raison..et on y croit.


Le détachement ou l'indifférence deviennent alors un résidu..très néfaste car c'est se couper de ce qui fait la vie.Il restera bien un sourire de compassion pour soi-même..

mardi 2 décembre 2008

La folle habillée de gris

Photo de Camille Claudel, assise sur une chaise, à l'asile de Montdevergues



NS avions fait la file, c'était d'ailleurs la première fois que j'attendais au musée. Les gens prenaient leur temps devant chacune des sculptures. Lorsque je pus enfin VOIR à mon tour...je n'étais pas prête à vivre ce choc.
Quelque chose qui ressemble à de l'apnée ,au manque d'air, à une difficulté de reprendre sa respiration ...Camille Claudel .
J'appris par la suite beaucoup de choses sur sa vie, mais ce qui me frappa fût sa fin, dans un chaos de trahisons. L'absence infini de compassion de son frère, qui fut son geôlier.
Né à la mauvaise époque où l'on enferme la sœur, l'épouse, la mère.
Camille aurait été un homme, aurait-elle connu cet internement à perpétuité?

J'ai souvent pensé à cette première journée d'internement où elle attend. Elle attend le directeur, elle attend son frère, elle attend sa mère..elle attend de comprendre.
Elle s'est aliéné toute sa famille qui ne comprend pas les problèmes de santé mentale, qui a commandé cette rafle chez elle .

Le rapport au temps est celui du prisonnier. Je la vois marcher dans les allées en regardant au-delà des murs. Ce regard remplis d'espérance , est fort au tout début et un automatisme à la fin. Il y a du combat à vivre d'espérance .
Étrangement on pourrait se dire que c'est la création qui va devenir un manque, mais c'est son rapport avec la famille...sa plus grande inquiétude.
On l'a laissé dans une robe grise. Une couleur neutre. Elle sera comme les autres , une folle de gris , elle ce génie de la courbe douce , de l'émotion poétique , taillée dans la pierre et le marbre.
Nous pourrions croire que quitter la déchéance, la pauvreté , la peur, l'insoutenable, l'isolement serait vu comme bénéfique. Mais c'est un chemin tordu..il n'y a plus de liberté , plus de création.
C'est une erreur de perception...tout ce qui enracine à la base , provient d'un ferment pourri, souillé.
Cette folle habillée de gris a connu l'ultime douleur ;être reniée par sa mère. C'est tout ce rapport à la mère qui me bouleverse . Elle fut les 30 dernières années de sa vie , prostrée , en état de mendicité extrême , face à cette mère et par la suite face à ce frère que Caën n'aurait pas renié.

Cette photo d'elle est bouleversante car elle semble morte depuis longtemps. Elle n'a pas le regard d'une folle mais le regard d'une femme qui a abdiqué . Ultime outrage à la passion.