lundi 18 mai 2009

Inutchuk



Pourquoi ressent-on ce désir si fort de tendre la main pour aider
Pour alléger le malheur d'un inconnu
Pour tenter d'entrouvrir un horizon pour quelqu'un qui n'en voit pas?

Il m'est arrivé d'avoir cette empathie plus forte qu'un battement de coeur
Pour quelqu'un que je ne connais pas..mais qui a besoin d'une présence ..et je le suis. Rien n'a été demandé....



Cela ressemble à une pulsion du coeur
À une intuition de l'intelligence..à des réminiscences de nos différentes vies.

Je dois souvent retenir mon geste, mes mots
Je me demande alors comment on perçoit l'être qui aide
Mais sans que l'on lui ai demandé.

Dans ma vie en ce moment..il m'arrive cette empathie débordante..Il y a cette compréhension de la tristesse, du désarrois, de la déroute.

Je sais tout l'aspect archétype, de l'innée de la neurologie..mais cela ne m'intéresse pas.

L'empathie qui ressemble à la bienveillance, au désir ou au besoin de réconforter?
Pour être empathique faut-il comprendre ou ressentir?
Pour avoir de l'empathie..est-ce nécessaire d'avoir souffert?
D'avoir été seul dans la stupeur?

Pour moi c'est comme avoir la réponse..lever la main pour le dire..être celle qui veux le dire.
En même temps c'est comme alléger sa propre souffrance..souffrir de voir l'autre souffrir.

Pourtant.. si on me demande mon aide..je suis réticente..toujours cette crainte que l'on profite de moi.


C'est comme un inutshuk : une oeuvre collective qui devient un reperd lorsque que l'on ne distingue plus notre chemin...une pierre est rajoutée au passage par un marcheur inconnu .

28 commentaires:

lucia mel a dit…

en cela internet est merveilleux, car il permet cet au-delà de nous qui parle en nous... l'anonymat le libère.

Myel a dit…

Quelquefois je me retrouve dans ce besoin de lever la main et à d'autres que celui d'en face ne veut pas de ma réponse...alors je continue ma route !

Serge a dit…

C'est une belle question que tu te poses, Noèse , à travers ce texte.
C'est vrai, je ressens souvent aussi cette envie d'aider les autres, plus facilement même si je ne les connais pas..., d'ailleurs je crois que cela vaut mieux.., je me demande si je ne serai pas plus critique donc moins enclin à aider si je connaissais les raisons de la détresse de l'autre.
Quant à se faire avoir, cela ne m'embête pas, dans cette mesure là, bien sur, si la quête de l'autre est de mauvaise foi, qu'il se débrouille avec elle...

noèse cogite a dit…

@Lucia Mel..l'anonymat ne dur pas longtemps sur la toile..Lorsque l'amitié naît:)

@Myel...Pour ma part ..quelques fois je persiste..et ce n'est pas mieux..je dois apprendre à retenir ma main...
@Serge..heureuse que tu trouves ce début de réflexion intéressant.

Effectivement les intentions ne sont pas tous de nos ressorts..très sage de laisser l"autre se débrouiller avec:)

MissK a dit…

Noèse, tu poses des question fort intéressantes: « Je me demande alors comment on perçoit l'être qui aide»; «Pour avoir de l'empathie..est-ce nécessaire d'avoir souffert?»... Des questions dont les réponses appartiennent probablement à chacun d'entre nous... Pour ma part, je dirais que la «perception» de l'être qui aide, peut varier grandement d'une seconde à l'autre chez une personne en détresse dont les repères sont biaisés, teintés, déphasés, voire effacés. La perception peut devenir une forme d'émotion qui, du moins chez les personnes sensibles, varie au gré d'une foule de facteurs internes et externes. Mais une chose est sûre, chaque «relation» entre deux êtres enrichit chacun de ces deux êtres s'ils acceptent d'accueillir cette relation. Ton empathie est un don. Un don qui sera bien sûr accueilli selon la perception du moment, mais un don qui pourra aussi peut-être grandir, changer, être adapté à l'autre au fil des jours. Un don magnifique. Un petit don de vie. Une petite pierre de vie que tu glisses sur son passage. Une petite pierre qu'il choisira lui même ensuite de polir ou de kicker.
Quant à la question de souffrance... Personnellement, je ne crois pas qu'il faille être «passé par là» pour aider quelqu'un. Au contraire. Personne, même ceux qui ont vécu des choses similaires, personne n'a vécu exactement la même chose que quelqu'un d'autre. Les sourires et le bonheur apportent un baume précieux sur les souffrances. Une énergie qui revigore. Le langage de la souffrance, c'est le langage du coeur. Oui, il faut raisonner, mais il faut surtout que ça «résonne» en dedans. Dans mes grands moments de tristes, les phrases, les paroles, les gestes qui m'ont le plus apaisée n'avaient souvent absolument rien à voir avec le coeur de cette tristesse, ses raisons «apparentes». Parce qu'une grande tristesse a parfois des allures de toile d'araignée... Les raisons «apparentes» ne sont pas toujours les seules existantes...
Bon, je m'éparpille dans mon commentaire... Mais MERCI, d'avoir semé cette pensée dans mon esprit et de m'avoir donné l'opportunité d'y réfléchir le temps d'un commentaire...

noèse cogite a dit…

Bienvenue MISS K:)
Ta réflexion est très intéressante et me fait poursuivre la mienne.

L'empathie est peut-être un don... mais notre façon de réagir devant la souffrance d'autrui dépend peut-être de la capacité ç résonner en nous et de ce que l'on a vécu..
Je crois que c'est Nietzsche qui disait:

Ce à quoi l'on a pas accès par une expérience vécue, on n'a pas d'oreilles pour l'entendre..
là est le coeur de la question:
Peut on comprendre réellement quelqu'un qui a perdu toute sa famille à la guerre par exemple?

Mais est-ce nécessaire de tout comprendre pour ressentir la douleur infini...


Merci de ta présence Miss K!

:: Karine :: a dit…

Mais est-ce nécessaire de tout comprendre pour ressentir la douleur infinie... ?

je reprends là parce que beaucoup de choses ont été dites !

ta première question Noèse (celle de ton post) est merveilleuse et me fait tellement écho si tu savais !

un cours instant j'ai l'impression d'être toi !

j'ai cette empathie dont tu parles avec tout ce que cela implique et j'en souffre très souvent. Mon entourage me dit souvent que je suis une hypersensible, à fleur de peau et que je ressens le malheur des autres comme si je le vivais, tout comme toi !

A savoir maintenant s'il est nécessaire de tout comprendre pour ressentir la douleur infinie, je ne pense pas !
Il y a beaucoup de choses que je ne comprends mais le ressenti est bien là. Et moi aussi je suis là même pour des gens que je ne connais pas.

jusqu'à quel point faut-il se préserver pour ne pas devenir la personne qui souffre à son tour ?

noèse cogite a dit…

Karine..j'aime ta conclusion..se prémunir....mais est-ce que cela n'enlèverait pas l'authenticité, , la luminosité de ce que l'on est?

Je ne crois pas que je changerai et comme dirait MissK..aller vers les autres c'est construire un lien..et j'en suis friande:)

:: Karine :: a dit…

chère Noèse
je suis tout à fait d'accord avec toi, je me pose juste la question :

jusqu'où aller pour ne pas souffrir au point d'avoir si mal ?
quelle est la limite à ne pas franchir ?
en grandissant nous apprenons tout cela, n'est-ce pas ?

Anonyme a dit…

L'empathie est différente de l'aide je crois, c'est un moyen pour la faire émerger.
Pour être aidant, il faut être dans un certain "détachement" au contraire, une distanciation constructive, sinon, on s'englue assez vite dans le même marasme que la personne que l'on veut aider. ( j'ai un regard influencé par mon métier je pense sur le sujet)
Mais je comprends bien ce que tu veux dire par cette pulsion presque viscérale que l'on ressent parfois envers autrui.
( et j'adore la symbolique des pierres empilées)

noèse cogite a dit…

Merci Mots D'elle j'aime bcp aussi cette analogie...je la trouve forte..

Ton commentaire est très éclairant sur l'aide ..
Je suis tout à fait d'accord avec toi sur l'aide qui émerge de l'empathie.
J'ai été aussi "aidante" professionnellement..et encore d'accord ..être détaché nous permet de voir plus grand que notre coeur...le contexte..etc..
Merci de ton passage

:: Karine :: a dit…

un petit coucou en passant !
merci pour tous tes commentaires et très belle journée noèse :-)

Jeanne a dit…

J'aime beaucoup ce billet , et toutes les questions que tu poses
Je crois que d'avoir de l'empathie , ça ne se calcule pas , ça ne se réflechit pas , on ne décide pas un jour d'être comme ça
c'est certainement les moments de douleurs et d'incomprehension qui nous y poussent , soulager les autres parce qu'on aurait aimé
Mais d'autres ayant connu d ela souffrance vont se retrancher derrière un mur

En ce moment , une de mes amies vit une grossesse difficile , j'ai de l'empathie pour elle , elle ne quitte pa mes pensées , je trouve cruel ce qui lui arrive
Je l'encourage à appeller à l'aide , elle a du mal , on dirait qu'elle veut souffrir en silence , faire comme si ...
Comme c'est complexe les relations humaines , les suceptibilités
parfois il faudrait un décodeur ..
Bonne journée de mai

noèse cogite a dit…

Intéressant Jeanne..c'est exactement un cas où tu veux aider...que la main est si fortement tendu..mais que tu dois la retenir..très difficile.

Cela me fait penser à une autre de mes réflexions sur l'éducation de nos enfants..on sait qu'ils vont avoir mal..mais en même temps c'est comme cela que l'être humain évolue...ils doivent marcher seuls devant d'innombrables souffrances..on ne peut le faire à leur place..

Lena26 a dit…

Pour répondre à ta question "Pour avoir de l'empathie..est-ce nécessaire d'avoir souffert?" J'ai eu l'envie d'aider les autres après que l'on m'ai aidé moi alors que j'étais au fond du gouffre. C'est peut être égoïste mais avant cela je ne connaissais pas le sentiment que l'on ressent quand on a envie de mourir et cela interpèle forcément lorsque par la suite l'on se trouve en présence de quelqu'un qui souffre.
Sinon j'ai toujours aimé rendre service, un peu trop je pense, encore le besoin d'être reconnue.

Je ne connaissais pas ce mot inutshuk, ici sur nos chemins nous appelons ça des cairns, et le symbole est très joli.

esquisse a dit…

Bonjour Noese.Empathie,s'apparenterai pour ma part,plus a un coup de coeur au sens propre,celui qui vous remue les sangs,qui par le vécu vous calque sur ce que vous voyez,le besoin d'ouvrir vos portes,et accueillir toutes sortes de souffrances.
L'absortion peut etre tres profonde,et laisser des traces sur votre personne,etre pret a donner et aussi recevoir...Bien entendu en sachant ,que sur l'instant aveuglé par le désir d'appaiser et d'estomper cette situation,vous risquez de ne recevoir,que le mepris,mais ça ce n'est ecrit nulle part.
Si c'est un don,c'est l'impulsion qui dirige l'acte et si il y a retour ou non passe en second plan,le tout c'est d'agir!
ce n'est que mon ressenti sur la question,merci Noese a bientot...

noèse cogite a dit…

@lena 26, je crois que que l'on peut aider un inconnu sans avoir souffert sa douleur..un itinérant que l'on aide...je ne suis pas une inuit perdue sur l'asphalte de Montréal...je ne peux ressentir toute l'horreur de sa situation..mais je peux comprendre.

C'est comme si d'avoir souffert un jour,d'avoir presque tout perdu..même le goût de vivre, ns lient ,après avoir survécu, aux autres humains..ça j'y crois..

@Esquisse....le ressentis ce que tu décris..comme si tu avais ressentis la même chose un jour:)
'Le besoin d'ouvrir les portes'..comme une brulure.

Quelqu'un tombe devant nous..on tend la main pour l'aider à se relever...on y pense pas..il n'y a pas d'empathie...c'est presque un réflexe.

Tu côtoies quelqu'un ...comme moi en ce moment..un ami de ma fille,semble pas l'avoir eu facile..il fait de l'escalade..alors j'ouvre grandes mes portes..ns l'emmenons partout ou ns allons..j'allège les partages de frais lorsque ns sommes en déplacement..

Dit à ma fille,,mais soit plus gentille...etc..il n'a rien demandé,,il ne souffre pas..mais je SENS une souffrance ..empathie?

esquisse a dit…

je reviens comme un papillon a la lumiere...
Ton deuxieme parag' je suis d'accord.Liaison avec certaines personnes qui se posent sur ta route sans trop savoir pourquoi...sur le moment,et apres reflexion tu comprends que leur presence etaient indispensable...
Quand au ressenti,c'est vrai que tu garde comme une etoile cette main donnée quand tu efface tout ce qui peut etre obscur,mais si lourde a gardée quand,ton geste a déranger une construction depuis longtemps esperée.
Le mot que tu as dit Noese,qui me conviendrai le mieux c'est"reflexe"
aucune anticipation,reagir dessuite,dans la mesure de ces compétence...mais bon je pense qu'il y a beaucoup a dire .Noese c'est un plaisir,je te souhaite une bonne nuit...

noèse cogite a dit…

Tes réflexions sont toujours profondes Esquisses..un plaisir de discuter avec toi:)

Renaud a dit…

Je suis désolé, Noèse, de ne pas avoir commenté ce texte fort prenant plus tôt. J'étais en congé de toutes choses...
Ce n'est pas faute d'être intéressé par celui-ci.
Je ne suis pourtant pas convaincu qu'il faille s'être "cassé la figure" pour se sentir un besoin de prêter la main. Je me dis que cette forme d'empathie est plus le propre de l'individu que de son vécu... ce qui est tout à ton honneur.
Pour ma part, j'ai rejeté avec plus ou moins de ferveur toute forme d'aide lorsque mon ciel s'est assombrit. Alors, c'est peut-être ma façon d'affronter les choses qui me fait dire que je ne suis pas moins, ni plus, disposé à tendre la main.
De ma propre expérience, je ne retiens qu'un réveil dans la solitude...
En tout cas, continue à faire plaisir à mes yeux d'ombre. Ta lecture est un régale.

Pensées pour toi

noèse cogite a dit…

Renaud..tu sembles être celui à qui on tend la main..est-ce que tu accepterais l'aide , d'abord anodine, par ex. d'un confrère de travail..qui t'ouvre la porte à ses loisirs, à sa vie..à ses passions..te laissant manœuvrer comme tu veux..un peu ..beaucoup..pas du tout..mais il te l'offre.

Merci pour tes bons mots..c'ets réciproque:)

Anonyme a dit…

suis passée encore une fois lire ce texte et les commentaires...
tu es du même monde que moi...
affectueusement
Nanou

noèse cogite a dit…

Il ne semble pas Nanou..nous sommes)

Anonyme a dit…

alors c'est bête à dire...mais je t'aime !aussi à ma façon...trop douloureuse...mais belle...je crois ! mais compliquée...mais si humaine !si tu savais...à cet instant...je voudrai juste...être morte...et çà...j'peux pas l'écrire sur mon blog...MES FILLES !et Bérénice...merde...pourquoi j'suis attachée à elle ! j'voudrai pas qu'on m'aime ! çà y est ...nanou pleure !

noèse cogite a dit…

Tu devrais partir un blog personnel Nanou..comme un journal,,et tu ns envoies l'adresse..c'est tellement libérateur !
ALLEZ..tes filles elles t'aimes p-ê un peu trop...:)

Karine a dit…

je passe, je lis... pourquoi ai-je tant de mal a laisser un com?
Superbe reflexion; j'ai fait un poeme sur l'empathie. Se perdre dans l'aide a l'autre, ca peut etre dangereux, non? mais ca apporte tellement en meme temps.
Bref, merci de ce texte :o)

noèse cogite a dit…

Je ne savais pas qu'il y avait des difficultés à laisser des messages,
merci karine pour ton passage..tu pourrais laisser le lien vers ton poème?

Karine a dit…

Excuse-moi Noese; c'est moi qui m'exprime mal. Je voulais juste dire que j'ai souvent du mal a trouver les mots alors parfois le com ne vient pas ou alors tres tard. Desolee!
Pour ce qui est de mon poeme, il est la: http://ecrismesmots.blogspot.com/2009/04/empathie-en-patir.html